«C'est une révolution en matière de comptage. » Patrick Massenet n'a pas lésiné sur les qualificatifs pour convaincre les chasseurs de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, rassemblés à Salers, de l'avancée que représente ce nouveau radar aéro-ornithologique. Un outil de haute technologie, utilisé par l'Isnea (institut scientifique nord est Atlantique) - qu'il préside - pour l'étude du mouvement des oiseaux.
La nouveauté réside dans l'extrême précision de l'observation qui permet une identification au vol. « Contrairement aux radars existants qui calculent un volume mais ne sont pas capables de dire ce qui passe, notre radar va, lui, distinguer les espèces. Par une technique que nous avons mise au point, on détermine la fréquence des vols des oiseaux par les battements d'ailes et les temps des pauses. Cela nous permet d'identifier toutes les espèces chassables jusqu'à l'alouette des champs. Sur un kilomètre de front, l'an dernier, on a discriminé 573.500 oiseaux », s'enthousiasme Patrick Massenet, qui préside aussi la fédération des chasseurs de Meurthe-et-Moselle.
Cet outil donne notamment le sens de vol, la vitese, l'altitude jusqu'à 2.000 mètres. « On distingue même les insectes jusqu'à 800 mètres d'altitude et jusqu'à un demi-centimètre, ainsi que les chiroptères. »
Des arguments pour défendre la chasse
Cet argument a fait mouche auprès du président de la fédération régionale, Gérard Aubret, qui voit là le moyen de défendre la pratique cynégétique. « Un de nos sujets de préoccupation, c'est de prouver que la chasse n'est pas un élément perturbateur à 100 %, ou du moins pas le seul, par rapport à la faune. Actuellement, les données que l'on a sur les espèces sont des données empiriques, les gens comptent. On dit : "il y en a tant". Et si on en voit moins : "on dit la chasse a trop prélevé" ».
« Où passent les pigeons ramiers ? »Si la fédération régionale devait adhérer à l'INSEA pour bénéficier d'un tel radar d'un coût de 180.000 €, elle aurait le soutien de son homologue cantalienne, dont les membres voient en cet outil une source d'informations dans le cadre de la préservation des espèces, comme le soulignent Jean Nicolaudie et Roger Faubladier, de la fédération du Cantal. « On était sur une voie de migration importante pour les pigeons ramiers. Mais on a une baisse constatée de cette migration et les tableaux de chasse sont moins élevés qu'il y a une trentaine d'années. Avec cet outil, on pourrait peut-être savoir où passe cette migration car la population globale des pigeons ramiers ne baisse pas. »
Fiche-projet. Un an après la « fusion réussie notamment sur le plan humain », la fédération régionale de chasse, comptant douze départements, a tenu son assemblée générale à Salers. L'occasion pour le président, Gérard Aubré, d'évoquer la convention signée avec le conseil régional. « Cela nous apporte une aide financière, de 1 M€, par an, pendant trois ans, sur de vrais projets. Exemple, tout le monde sait que la haie est un élément important des paysages bocagers, aussi bien pour la faune que la flore. Dans chaque département, on plante des haies sauf que cela a un coût important au mètre linéaire et on n'avait pas de fonds dédiés. Grâce à l'aide de la Région, on a déjà planté 8 kilomètres de haies dans deux ou trois départements ». Cette convention permet de financer des fiches-projets à thèmes dans lesquelles s'inscrivent les fédérations départementales. Outre la haie, la fiche qui intéresse tout le monde, porte sur la sécurité des miradors (pour la sécurisation des tirs lors des battues) dont l'installation est financée à 50 % par la région.
Chemcha Rabhi
Le Réveil Cantalien, ve 30 juin 2017
