DANS LE CANTAL, UN COUTELIER TRANSFORME LES RACINES DE GENTIANE EN COUTEAUX

28/01/2023
DANS LE CANTAL, UN COUTELIER TRANSFORME LES RACINES DE GENTIANE EN COUTEAUX
Dans son Antre du Viking, à Salers, Franck Paul a élargi sa gamme de couteaux locaux. En effet, les racines de gentiane ont rejoint, il y a une quinzaine de jours, les cornes de salers et ses autres réalisations.

Originaire de Normandie, Franck Paul y a tiré le nom de sa coutellerie : l’Antre du Viking. Pour le reste, l’artisan a adopté le Cantal, jusqu’à sa dernière création, les couteaux fabriqués au cœur de racines de gentiane. « C’est réalisé en circuit court, avec des gentianes locales arrachées au col de Néronne ou au puy Mary, expose Franck Paul. Ça donne un couteau plus rustique avec des couleurs qui varient entre le marron foncé et le jaune clair. »

Un art appris avec son grand-père

Installé à Salers, ce coutelier de 41 ans fabrique des couteaux depuis près de six ans désormais dans son antre. Après avoir travaillé dans la conduction de travaux, qui l’ont amené dans le Cantal en 2005, il s’est réorienté pour « des raisons de santé ». Il réalise une formation à Thiers, en alternance, pour perfectionner un artisanat qu’il a appris, bien plus tôt, au contact de son grand-père, lorsqu’il était enfant.

Depuis, il a lancé son atelier à Salers, avec un credo : « Montrer qu’il est possible de faire des couteaux de manière artisanale, locale, sans faire monter les prix ». Ainsi, les nouveaux couteaux réalisés à partir de racines de gentiane coûtent entre 169 € et 400 €, selon l’acier utilisé pour la lame.

Huit kg de racines pour une centaine de couteaux

Pour les fabriquer, il a commandé huit kilogrammes de racines à Cantal gentiane, arracheur local. « La principale contrainte, c’est la taille de la racine. Il faut qu’elles aient au moins une cinquantaine d'années. » 

Une fois reçues, séchées, il envoie les racines à Thiers, où l’entreprise Mercorne les sature de résine époxy pour les stabiliser. « Ça l’empêche de bouger », explique l’artisan. Pendant ce temps, il prépare les lames et lorsque les racines reviennent de Thiers, il réalise l’assemblage.

Avec une difficulté : « Il faut travailler la racine de l’intérieur. Je ne touche pas à l’extérieur pour que ça reste naturel. » Et, malgré la stabilisation en résine époxy, les racines peuvent réserver « des surprises » comme des trous ou des aspérités. Une difficulté supplémentaire pour y installer ses lames Laguiole ou Aurillac.

Depuis deux semaines, Franck Paul a mis à la vente une quarantaine de couteaux dans cette nouvelle gamme. Une vingtaine est déjà partie. « J’ai une clientèle de collectionneurs et c’est le genre de couteaux qu’il faut avoir », estime l’artisan qui prévoit d’en fabriquer une petite centaine cette année.

Mathieu Brosseau